Voltaire-Rousseau

de Jean François Prévand

 

D’un côté, un seigneur opulent trônant du haut de sa gloire dans son château campagnard d’où il correspond avec l’Europe entière ; de l’autre un homme malade qui à la fin de sa vie logeait dans un cagibi et recopiait des partitions qu’on lui confiait plus par pitié que par besoin.

En les mettant face à face Prévand ramène à la vie deux des phares incontournables du siècle des lumières ; il re-phrase, adapte réécrit leurs propres textes de façon à ce qu’ils se répondent dans un dialogue. D’ailleurs il avoue avec modestie qu’il ne se considère pas comme étant l’auteur des répliques.

Rousseau et Voltaire n’étaient pas faits pour se rencontrer, ni pour s’accorder, ils se seraient peut-être compris si leur notoriété littéraire ne les avait opposés.

Pourquoi, alors qu’ils avouaient avoir beaucoup d’estime l’un pour l’autre furent-ils irréconciliables ? C’est peut-être simplement une question de tempérament et la pièce de Prévand en fait la démonstration avec un savant mélange d’humour et d’émotion.

Intrigue

Nous sommes en 1765, chassé de Suisse, Rousseau arrive à l’improviste au château de Ferney pour demander à Voltaire sil est l’auteur du pamphlet anonyme « Le sentiment des citoyens » qui l’a fait bannir. Voltaire dément tout d’abord, les deux hommes tergiversent, s’affrontent à demi-mot, se provoquent, s’emportent, opposent leurs deux systèmes de pensée ; pour couper court à l’entretien, Voltaire finit par avouer et tire sa révérence en allant se coucher…

Le mot de l’auteur : « Voltaire et Rousseau, voilà une confrontation hardie. Eut-elle lieu ? Elle eut lieu, à travers ce que les deux grands hommes ont dit l’un de l’autre ou écrit l’un sur l’autre. Et quand on fait l’inventaire, ce n’est pas triste… Quoi de plus théâtral qu’une gigantesque scène de ménage, où, mis en présence, nos deux génies pourront s’étriper à leur aise ?… On me conseillait depuis longtemps (depuis sa pièce Voltaire’s Folies) de passer de Voltaire à Rousseau que je connaissais moins. Je l’ai lu, relu. Je me suis penché sur leurs querelles, leurs rapports, leurs écrits.

Ce qui m’a séduit a été le centre même de leur conflit : le problème de la culture un problème qui est toujours le nôtre. Rousseau, qui veut fermer les théâtres pour immoralité, entend changer les bases de la culture. Voltaire pense au contraire qu’avec la culture on combat le fanatisme. Voilà l’enjeu…

Pour Prévand, il s’agissait de mettre les deux philosophes à égalité, or il préférait Voltaire « … J’ai essayé d’être honnête, ce ne fut pas facile. Quand Rousseau propose de fermer les théâtres et de voiler les femmes, il m’irrite ! On pouvait aisément le rendre ridicule. Alors j’ai cherché chez lui, j’ai pioché. Rousseau m’a envoyé des interrogations. A l’intérieur de cette grande scène de ménage entre les deux hommes, qui va un peu dans la direction de Qui a peur Virginia Woolf ? chacun apporte sa pierre à la culture. J’ai pensé à la chanson de Gavroche : Rousseau et Voltaire sont indissociablement unis dans le combat pour le progrès. »

Conditions scéniques

Bien que nous préférions jouer dans une salle équipée, nous pouvons nous produire dans tout lieu disposant d’un espace scénique minimum de 5 m de profondeur sur 6 m d’ouverture ; l’obscurité, ou tout au moins une forte pénombre, est souhaitée.

La pièce est interprétée par deux comédiens qui évoluent dans un décor représentant le salon de Voltaire.

N’hésitez pas à nous contacter pour toute information supplémentaire.